C'est l'histoire de bateaux en tout genre :-;
Tout d'abord nous avons quitté Pakse à bord d'un bateau qui fait des navettes sur le fleuve. Assez large, avec des fauteuils de jardin en plastique donc assez confortables. Pendant environ 2 petites heures nous avons descendu le Mekong, voyant les pêcheurs et les villages sur les berges. Puis nous sommes arrivées sur un ancien bateau de transport de bois qui a été aménagé pour transporter des passagers sur 2 nuits avec 10 petites cabines.
Dans l'après midi le bateau a fait une halte au niveau de Champassak et nous avons pu descendre pour aller visiter le sanctuaire de Vat Phu. C'est un ensemble religieux datant de plus de 1000 ans, installé au pied d'une montagne d'où s'écoule une source sacrée. D'abord dédié à Shiva par les kmers et réalisé en style pré angkorien, il est maintenant devenu sanctuaire bouddhiste toujours actif et est inscrit à l'Unesco au patrimoine de l'humanité.
Il y a un énorme travail de reconstruction et de restauration entrepris depuis plus de 20 ans. Plusieurs pays partenaires du Laos sont impliqués comme l'Inde, la Chine et la France.
Étrangement le site n'est pas du tout protégé des visiteurs qui peuvent à qui mieux mieux grimper sur toutes ces pierres. La France a restitué des répliques de linteaux dont les originaux volés lors la présence française en Indochine sont aujourd'hui conservés au musée Guimet à Paris.
Les méthodes de restauration sont différentes selon les pays, l'Inde et la Chine ayant une tendance à réparer avec du ciment ou à combler les pièces manquantes par du béton.
Il semblerait que depuis 2004, une approche un peu plus scientifique soit adoptée. Les équipes françaises ont été chargées d'un inventaire et de la consolidation par la taille de pierres manquantes dans les mêmes roches que celles utilisées à l'origine c'est à dire latérite et volcanique.
Le sanctuaire comprend 3 niveaux dont le dernier est accessible avec un escalier bien costaud ! mais longé de frangipaniers en fleurs qui sentent très bon.
Un gardien est au pied de l'escalier et toutes sortes de petites offrandes fleuries sont préparées pour les pèlerins. Au sein du sanctuaire il y a un gong que l'on peut faire sonner trois fois pour qu'il nous porte bonheur !
Nous sommes remontées sur le bateau au coucher du soleil et sommes repartis.
Au matin nouvel arrêt en fin de matinée. A cette période de l'année le Mekong est bas et tranquille laissant apparaître des bancs de sable au pieds des potagers qui longent les berges au niveau des villages. 80% des laos sont agriculteurs, pêcheurs, cueilleurs. Chaque famille consomme sa propre production.
Dans chaque village il y a un temple, des maisons sur pilotis que l'on agrandit au fur et à mesure que la famille multi generationnelle s'agrandit également.
A l'origine tout en bois de teck et toit de chaume, les maisons sont maintenant plus souvent en tôle, la partie vide sous la maison est même parfois fermée en dur et une parabole jouxte la maison au milieu des poules et des cochons tandis que le bateau attend sur la berge.
Dans les villages tous les animaux vont et viennent. Les poules sont très hautes sur pattes, les coqs sont souvent sous cloches en osier pour les empêcher de se battre. Il y a également des colonies innombrables de fourmis.
La population est vraiment jeune, il y a beaucoup d'enfants, charmants, jouants, chantants, dansants. A priori ce n'est pas pour les touristes car ils ne sont pas vraiment nombreux ici.
Dans les villages les tracteurs un peu trafiqués sont adaptés aux charrues qui auparavant étaient tractées par les buffles et les bus locaux relient les villages entre eux.
Enfin, dans chaque village il y a une école. Bizarrement (ou pas ?) pour un état communiste, l'éducation n'est quasi pas financée par l'état. Les écoles sont aidées par de multiples associations de laos installées à l'étranger ou revenues au pays et qui collectent régulièrement des fonds pour équiper les écoles. Les étrangers sont bienvenus dans les écoles, cela fait une distraction pendant les cours et c'est l'occasion de recueillir des donations. Dans les classes les petits frères ou soeurs accompagnent les plus grands, ainsi cela libère les parents qui vont aux champs ou à la rizière.
Puis c'est l'heure de la récréation et là tout le monde se précipite pour jouer à. ..
la pétanque ! Eh oui c'est jeu très populaire, un reste de l'occupation française en Indochine. Les boules ici étaient faites avec une petite calebasse aplatie qui roule bizarrement obligeant plutôt à plomber qu'à faire rouler :-)
Tout au long de cette descente du Mekong vers la zone des 4000 iles nous étions sur le bateau avec une dizaine de personnes dont François et Michèle, des français de Rambouillet avec qui nous avons vraiment bien sympathisé, et Tam (joli coeur en laos) jeune laotien parlant le français et qui a été vraiment très intéressant, attentionné : un guide parfait pour nous faire découvrir tous les petits détails de la vie du village, de la faune, de la flore et même nous faire des démonstrations au milieu des bois de danse traditionnelle ! Tam a pour projet de devenir styliste et a candidaté pour être retenu à l Esmod en France. On lui souhaite sincèrement de pouvoir vivre son rêve ;-)
Puis au troisième matin nous avons pris un autre bateau navette et avons atteint la zone des 4000 îles.
Nous avons quitté là nos compagnons de route et pour notre part nous restons à Don Khone et Don Det quelques jours. Installées sur la berge, nous pouvons à loisir observer la vie locale, paisible mais active.