dimanche 17 décembre 2017
Amazonie, au sein du coeur vert planétaire (3/3)
Lundi 4 déc
(attention Florence...photos qui ne sont pas pour toi)
Nous nous réveillons à 6 heures. La nuit a été bonne pour Fab et très perturbée pour Isa car sans bouchons d'oreilles il est difficile de faire abstraction de tous les bruits. Certains dorment au dessus de nous et ne se gênent pas pour faire leur vie depuis le lever du soleil. L'ancien joue avec la petite fille de 18 mois pendant que les femmes sont parties préparer différentes choses.
Marine va faire sa toilette à la rivière et nous, nous attendrons le filet de douche froide au retour à l'hôtel où nous devons repasser avant de repartir vers dautres villages.
Petit déjeuner de salade de fruits frais excellente : mangue, banane, papaye, fruits de la passion, ananas, de quoi nous donner de la force pour la journée !
On plie les hamacs et nous remercions nos hôtes et en particulier la Mamita à qui nous offrons un pin's de Paris avec tour Eiffel... et elle est ravie. Même ici Paris et Eiffel sont connus. Il faut dire qu'Eiffel a construit un célèbre pont dur le rio Magdalena.
Nous repartons par où nous étions arrivées et au village nous passons par la maison de Georges, notre guide de la veille dans la forêt qui a attrapé un serpent et veut nous le montrer. Il l'a gardé pour nous et maintenant que c'est fait il va aller le relâcher en forêt. Lui aussi a droit à son pin's tour Eiffel et il demande si c'est celui de Paris St Germain car ils sont fans de foot et il connaît le club parisien.
Son frère lui est un grand sportif mais à travers un sport local (enfin bresilen) : il entraîne des coqs au combat et c'est pas top à voir...
Douche froide à l'hôtel, refaire son sac à dos, et bateau bus collectif pendant deux heures pour aller vers Puerto Narino ville de 7000 habitants (premier site colombien à avoir la certification qualité touristique respectant un processus écologique et de développement durable. Pas de voiture, récupération de tous les plastiques...).
On s'arrête régulièrement pour faire descendre des passagers qui habitent au bord de l'Amazone. A Puerto Narino une barque au petit moteur cahotant nous attend pour rejoindre en 40 minutes la communauté indigène qui nous accueille pour cette nuit.
Eux ne consomment pas de coca et ont une toute petite maloca. Chaque famille habite dans une maison qui accueille plusieurs générations. Les familles ont formé une association afin que les bénéfices du tourisme leurs soient redistribués. Encore une fois il n'y a que Marine qui leur amène des visiteurs et ce sont des gens charmants.
En Amazonie il y a quelques villages d'indigènes "non contactés". Ils sont dans une zone essentiellement située au Pérou et Brésil. Il est formellement interdit d'aller les déranger. Ils ont déjà été en contact avec des individus de notre civilisation contemporaine mais très peu et il y a une convention respectée par les pays amazoniens pour ne pas entrer sur leurs territoires. Pour ce qui concerne les indigènes amazoniens colombiens des rives de l'amazone ils sont aidés financièrement par le gouvernement pour faire perdurer leurs traditions, leurs savoirs ancestraux et protéger la faune et la flore amazoniennes. Chaque village a une école financée par l'état et il y a un hôpital à Leticia et à Puerto Narino. Ces communautés sont assemblées en grandes alliances et ont leur propre gouvernance.
Après le déjeuner, une balade d'une heure est prévue. Fabienne fait sa flemmarde et préfère faire la sieste. Isa y va et est enchantée par la balade. Cette partie de la forêt que nous parcourons en 2h30 est une forêt secondaire, dont de grandes parties ont été autrefois exploitées pour le caoutchouc. Aujourd'hui la flore a repris place mais la végétation fait moins "jungle" touffue.
Nous ne manquons pas d'avoir notre douche tropicale et comme d'habitude, la dernière goutte tombée on suffoque de chaud dans nos bottes et sous la cape de pluie. Alors, Isa fait ce qu'il ne faut surtout pas faire... relever les manches et aérer ses pieds...car après la pluie les moustiques redoublent d'attaques et voilà le résultat.
A son retour nous reprenons le bateau. Il est 17h30 et l'objectif est d'aller voir des caïmans (enfin surtout leurs yeux) sur un lac de nuit. Belle balade sur le fleuve et lorsque nous bifurquons dans un petit bras de ce fleuve l'eau change et devient noire. L'ambiance devient inquiétante.
Nous arrivons au bas d'une petite forêt qu'il faut traverser de nuit pendant 5 bonnes minutes. Nous accostons et entendons un drôle de bruit, comme des grognements sourds et sporadiques. Un de nos accompagnateurs nous dit qu'il s'agit d'un jaguar. Pour l'instant il ne veut pas descendre de la barque...il écoute...puis à voix basse nous dit que le jaguar semble être sur une autre rive, plus loin...et le top "descente de la barque" est donné. Isa prend un peu peur mais décide tout de même d'y aller car nous leur faisons entièrement confiance. Nous cheminons donc dans le noir à la queue leu leu et arrivons sur les rives du lac où nous entendons tout d'abord les coassements de grenouilles. Puis un de nos accompagnateurs se met à imiter l'appel des caïmans et on attend en scrutant le petit lac avec notre lampe de poche...tout dun coup des yeux jaunes commencent à apparaître. Même si on ne voit pas vraiment le corps des caimans c'est assez impressionnant d'autant plus que notre second compagnon et Marine, eux, ne cessent de balayer nos arrières de leur lampe torche au cas où le jaguar ou un caïman arriverait par derrière. Les caïmans se méfient beaucoup des humains mais bon, vaut mieux être prudents.
Au bout d'une demie heure nous repartons... c'est la pleine lune. Pour rejoindre l'Amazone la tache est délicate car la nuit est bien noire maintenant et les arbres en arche au dessus de nous masque la lumière lunaire. Quand la barque arrive sur le bras principal Marine fait arrêter le moteur et nous nous mettons à ramer lentement pour écouter le bruit de la forêt et c'est splendide.
Puis nos accompagnateurs se mettent à nous raconter des histoires de frères qui se perdent dans la forêt, d'annacondas de 13 mètres et d'autres légendes. Sous cette lune on se dit que nous avons de la chance de vivre ces moments ... en France, à cet instant c'est mardi 5 décembre et il est 2h30 à la MAS de la Sèvres.
Il est tard, nous remettons le moteur et arrivons pour le dîner, le meilleur que nous ayons fait en Colombie jusque là. De 18h à 22h il y a de l'électricité dans les villages alors en cette période de Noël on illumine les maisons. Ces villages sont à la fois très rudimentaires dans leur confort (du moins de notre point de vue) et en même temps ressemblent à beaucoup de villages français ;-)
Tout à coup notre hôte revient dune discussion qu'il a eue avec d'autres membres de leur communauté. Il nous signale que l'alliance des communautés à laquelle son village est rattaché vient de décider un mouvement de grèves pour demain. Pour la première fois de leur histoire, les indigènes ont décidé de se mobiliser et des grèves vont bloquer tout le fleuve à partir de 8 heures. Ils veulent contraindre le maire de Puerto Narino de leur verser la subvention annuelle que l'état verse aux communautés... voilà 11 mois que le maire ne leur a toujours rien versé de façon complètement illégale. Par ailleurs, leur hôpital a de graves problèmes de compétences et d'organisation. Les bons médecins ne se bousculent pas pour exercer en Amazonie. Or, dernièrement il y a encore eu un mort pour cause de non prise en charge par le médecin de l'hôpital. Ce n'est pas la première fois, notre hôte à lui même perdu un de ses enfants pour non prise en charge par le médecin de l'hôpital. ..
L'annonce de la grève perturbe notre programme du lendemain. Ce qui est certain c'est qu'il tombe à l'eau et que si nous ne voulons pas rester bloquées au village pour une quinzaine de jours alors, avant tout, il faut qu'on bouge tôt. Petit déjeuner 6h15 et départ 7 heures pour dépasser le point de blocage de Puerto Nariño.
Quand on arrive, les communautés tiennent une AG et le blocage n'est pas encore en place car le préfet vient d'arriver à la mairie et les grévistes attendent un peu. Nous aussi, nous attendons car peut être que si les choses s'arrangent sans grève alors nous pourrons nous engager vers un lac où il y a de nombreux dauphins roses. Alors nous nous installons prendre un café à côté de la mairie en écoutant les harangues. .. Par réflexe on allume nos portables pour voir si par hasard, ici, il y aurait du réseau. ..oui, on capte. ..on capte un message de ma soeur et de Corentin... un dauphin fait un petit saut hors de l'eau. .. et Corentin que nous réussissons à joindre nous apprend que Marilou était décédée la nuit dernière. ..à l'heure où nous ramions en silence sous la lune.
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2 commentaires:
Bisous. Je pense à vous. Vous ne verrez plus jamais les dauphins de la même façon.
Votre découverte de l'Amazonie est extraordinaire...Un régal de vous lire et de partager ces moments si forts.
Il n'y a pas de hasard, vous deviez être jointes... Le soulagement et l'émotion de Corentin et d'Anne qui étaient à la maison lorsqu'il a vu que vous appeliez étaient immenses...Je pense bien à vous. Même si ce n'est pas facile, profitez bien de tout ce que vous allez encore découvrir, de toutes ces rencontres...
De grosses bises à vous deux
Françoise
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