lundi 7 avril 2014

Vous avez dit rutas ?

La Paz-Uyuni du 3 au 5 avril

Après La Paz nous voulions faire un tour de 3 jours pour voir le salar de Uyuni et autres merveilles de cette région du sud Lipez. On hésite entre acheter un tour voiture/chauffeur ou bien louer une voiture pour faire le tour toutes seules. Cependant un groupe de 4 garçons témoignant du fait qu il n'y a pas vraiment de signalisation ni de cartes routieres détaillées et qu'ils avaient dû sortir leur boussole pour retrouver leur chemin, nous optons pour la voiture avec chauffeur. Un peu cher (enfin pour la Bolivie, tout est relatif) mais bon cela fait 2 mois qu'on joue les restrictions donc  là on décide de se faire plaisir dans la sécurité. Les tours partent tous d'Uyuni, il fallait donc que nous nous y rendions.
Comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire dans le post précèdent il nous faut prendre en compte la grève des mineurs et le fait que La Paz est coincée dans sa cuvette. Nous prévoyons donc large... un jour pour essayer de rejoindre en bus Oruro où on dormira pour être certaines d'être à l'heure le lendemain pour pendre le train et rejoindre Uyuni. Ainsi nous serons fin prêtes,  lavées et reposées pour un démarrage du tour de 3 jours le surlendemain.

Jour 1,
il est 11h nous arrivons au terminal des bus confiantes puisque tout le monde à l'hôtel nous assure que le conflit est quasi résolu et les barrages levés. Et bien non !
"No hay" , "No hay" : pas de sortie sortie de bus à envisager aujourd'hui. La television est là, nous sommes dans le champ des caméras qui filment les pauvres voyageurs. Certains disent qu'une réunion de négociation va bientôt se terminer, nous patientons ... Fabienne en profite pour faire un tour et interroger des policiers qui lui indiquent que si on arrive â rejoindre El Alto là bas on trouvera des van ou des bus "au noir' qui eux partiront vers Oruro par de petites routes. Nous voila donc parties vers El Alto où en effet nous trouvons un bus vraiment "local" qui sentait le pipi et dont les vitres crasseuses étaient bloquées du fait des joints craquants de moisi mais à bord duquel nous grimpons avec la satisfaction d'être à Oruro ce soir. Le trajet dure 4 heures dans la poussière mais nous finissons par arriver.Oruro, ville décrépie de 500 000 habitants en pleine expansion urbaine où nous dormirons face à la vierge de Socadon, monumentale...,Notre Dame de la Garde lui arrive au genou !




Jour 2,
il est midi, le train part à 15h mais nous préférons arriver en avance au cas où...
On entre en gare et un petit panneau indique que tous les trains (enfin les 3 programmés de la journée) sont annulés pour cause de blocage des mineros... ;-(
Le guichetier nous explique que le syndicat a donné comme consigne de ne pas faire partir les trains mais que lui , il n'est pas d'accord mais il doit obéir. En fait le blocage est "virtuel", il n'y a pas l'ombre d'un mineur pour bloquer. On demande sans trop y croire le remboursement de nos tickets achetés il y a 3 jours à La Paz et surprise nous l'obtenons sans difficulté.
Reste à trouver une solution pour rejoindre Uyuni : pas de train, pas de bus... il reste l'avion.
Nous cherchons un taxi pour nous emmener à l'aéroport et là nous tombons sur Gregorio, le chauffeur de taxi aussi soucieux de ses clientes que de sa voiture. A l'aéroport il tient absolument à vérifier auprès des agents qu'il n'y a  pas d'avion,  il nous emmène alors au terminal de bus pour revérifier qu'il n'y a pas de bus à partir...du coup on lui demande si,  lui, il serait prêt à nous emmener. Uyuni est à 320 km (non stop dans la pampa déserte et sans aucun panneaux de signalisation) , moitié du chemin en asphalte l'autre en piste soit 5h de route aller. Il rigole car à priori jamais un taxi urbain n'a eu l'idée d'emmener des touristes hors de laville. Fabienne lui dit qu'on ne rigole pas, du coup cela fait tilt dans sa tête et il nous annonce que si il le faisait ce serait pour 1500 bolivianos (cela équivaut au salaire mensuel moyen). Évidemment pour la Bolivie c'est une fortune mais pour nous cela fait 150 euros soit moins que le prix des billets d'avions que nous aurions été prêtes à payer s'il y avait eu des avions ! N'ayant du coup aucune autre solution pour être à l'heure au démarrage de notre tour du salar, nous lui disons que nous sommes OK.  Ébahi,  il appelle sa femme pour lui demander si elle d'accord de nous accompagner pour avoir de la conversation sur le chemin du retour et les 1500 bolivianos la décident vite.

Nous voici donc en route avec Sonia, bolivienne traditionnelle.


Tout démarre bien, Grégorio qui a son frère mineur, s'assure auprès de lui par téléphone que la route est libre pour les particuliers.Nous roulons mais rapidement sommes bloqués par une bonne centaine de camions.


Les particuliers peuvent passer mais à condition de passer au dessus des camions qui eux sont bloqués. Petit à petit Gregorio avance en s'intercalant entre les camions et 1h après nous sommes au niveau du barrage où en effet nous passons sans problème.



La route est sympa, Madame Sonia nous fait découvrir les champs de quinoa qui bordent la route et donc c'est la saison de la moisson. Nous apprenons que la Bolivie est le premier producteur de quinoa et pourtant il est vendu très cher aux boliviens : l'équivalent de 40 euros le kilo.



Puis au bout de 180 km nous quittons la route asphaltée pour entamer 140 kms de piste et c'est là que tout bascula...

Quand on dit piste je ne sais même pas à quoi cela peut ressembler en France... C'est un chemin de terre dévasté par le passage incessant de tractopelles à chenilles et autres engins de travaux publics. Donc imaginez le pire.

Evidemment, au bout d'une heure de nids de poule d'enfer, le carter du dessous de la Nissan Note de Grégorio montre un signe de faiblesse et se décroche. Stop obligatoire. Heureusement, on aura l'occasion de le vérifier d'autre fois, un bolivien qui se respecte a toujours avec lui du fil électrique, le fil solide mais souple.



Pendant que Fab et Sonia devisent, la réparation, elle, est faite.

Nous repartons et bientôt la nuit tombe. Au loin sur notre gauche nous admirons des orages féeriques sur la chaine de montagne qui se déroule à l'horizon. Plus nous avançons et plus nous rendons compte que cela doit faire longtemps que Gregorio a dû aller à Uyuni car dans la nuit il a beaucoup de mal a- choisir une piste quand plusieurs se présentent. Cela fait environ 7 heures que nous sommes partis, que nous avons le dos en compote quand une pancarte apparait et indique Uyuni = 100 kms... Désolation ! A raison de 40kms/h nous en avons encore pour plus de 2h. On sent que Grégorio regrette un peu l'affaire mais il reste calme avec Sonia en copilote pour le choix des pistes.

Tout à coup, la piste est traversée par un petit rio qui vient de grossir énormément suite aux orages que nous avions observés au loin ... impossible de passer. Même les deux 4x4 qui sont devant nous ont renoncé. On s"imagine alors passer le reste de la nuit ici mais c'est ne pas connaitre les boliviens. Sans jamais s'énerver voici que Gregorio nous indique qu'un tractopelle et une dameuse utilisées pour les travaux de construction d'une vraie route vers Uyuni vont bientôt arriver. Et magiquement, dans la nuit, les loupiottes des 2 engins apparaissent


et 1h plus tard le rio était dompté et nous repartions. Deux heures après nous étions à Uyuni et quittions Gregorio et Sonia Cruz, ravis de nous avoir menés à bon port mais essayant de négocier plus de sous car la route était plus mauvaise que dans son souvenir.
Il était 1 heure du matin, nous étions épuisées et comme des zombies, qu'auriez vous fait ?

12 commentaires:

Valérie a dit…

Quelle aventure ! Je ne sais pas ce que vous allez trouver au bout, mais ya intérêt que ça vaille le coup !

Anonyme a dit…

Ça c'est du voyage de vraies routardes , des vraies têtes brûlées !! Le chauffeur et son épouse méritent bien une petite rallonge....qu'avez vous fait?
Mu

michel a dit…

la vie est un long fleuve tranquille vous allez en avoir d autre comme ca gros bisous

Anonyme a dit…

En vous lisant, j'en avais mal aux tripes!!!
Une rallonge pour vos sauveurs, non?
S et C

Anonyme a dit…

Pekin Express s'est de la rigolade à côté de votre périple
vous êtes de vraies routardes !!
bises les filles
lolo

Anonyme a dit…

Raouhhhh! de sacrées aventurières!!!! Maintenant vous pouvez en rigoler! et le chien il était ou dans tout ça?????
vous me faites toujours autant rever!
fanny qui pense tous les jours à vous......

Anonyme a dit…

et voila votre monnaie môsieur le taxi, on aurait bien voulu voir sa trombine à ce superman !!!!!
bonne route les Belles.................. Bizzzzz

Anonyme a dit…

Ça c est du voyage !!!
Ça mérite bien une petite rallonge, une telle aventure..
Bisousss
Fred

Martin a dit…

Salut les filles
vous êtes de formidables globe-trotters, nous rions de vos péripéties
Daniel&Jacqueline

Anonyme a dit…

Extraordinaire vos aventures. Vous nous ferez bien un bouquin pour raconter tout ça, puis devant le succès du livre, un film. On lit votre blog comme un roman d'aventures. En tout cas bravo à vous deux, vous ne reculez devant aucun défi ni difficulté. Bisous. Domi

ODILEB a dit…

coucou les filles
je vous avais perdu, je commençais à m'inquiéter quand je me suis aperçue que Mr Yahoo m'avait fait une farce; et oui il vous avait mis dans les indésirables! n'importe quoi. porque? no sé!!!
du coup ce soir je me suis régalée de vos aventures; j'avais du retard et je m'en suis mis plein les mirettes.
Bravo, vous êtes les reines de la démmerd...Et moi je me délecte de vous lire. Encore merci de nous faire partager votre périple.
Hasta luego; llenos besitos.
Odile B

Vivre à Plessé a dit…

Cette journée pourrait à elle seule mériter un roman. C'est toute une série de tome qu'il faut prévoir pour cette année complète.
Sinon, j'aurais bien vu des photos des zombies... ;-)