dimanche 7 décembre 2014

De l'arbre à la tasse

Plateau des Bolovens le 4 dec

On vous le disait dans le dernier article, aux 4000 îles nous avons rencontré Isabelle la quimperoise, Yannick le brestois et leur blondinette Maya née pour sa part en Thaïlande.

De fil en aiguille ils nous parlent du fait qu'ils travaillent depuis bientôt 4 ans dans une coopérative de producteurs de café bio et équitable sur le plateau des Bolovens et que le sur lendemain ils vont tester en vrai avec des touristes cobayes un tour d'une journée où les producteurs présenteront eux même leur métier,  les processus depuis l'arbre caféier jusqu'à la tasse de café.

Oh super ! On pourrait être cobaye ? Ah mais oui, comme ça vous serez un groupe de 4, parfait pour tester. Rendez vous est donc pris et nous voilà à 8h15 au bureau de la coopérative à Paske ce jeudi matin pour retrouver autour d'une tasse de café Isabelle et Yannick et Vilath qui sera le guide anglophone.


A peine parties, fumée sous le capot mais pas de problèmes,  on signale la voiture arrêtée avec du branchage sur la route, deux coups de fil et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire une nouvelle voiture arrive et c'est repartI avec le sourire !

On arrive sur une exploitation où toute la famille est à pied d'oeuvre pour cueillir les baies qu'on appelle ici des cherries.


Le producteur explique son travail qui l'occupe toute l'année même si en nov, déc et jan c'est la grosse saison, celle de la récolte.

Les caféiers sont essentiellement Arabica mais il y a aussi un peu de Robusta. Comme on est dans une culture bio depuis 2009, les caféiers sont protégés naturellement par des arbustes hauts qui s'intercalent entre les pieds de caféiers pour faire de l'ombre.

La récolte se fait en trois fois car le cahier des charges de la coopérative exige qu'on cueille exclusivement les baies rouges. Comme toutes ne mûrissent pas en même temps on repasse trois fois en 1 mois sur chaque pied pour obtenir la totalité de la récolte. 



Les producteurs d'un village emportent chaque soir la cueillette du jour à la station du village. Seule la cueillette du jour est acceptée. Chaque sac est pesé, versé dans un bassin d'eau pour filtrer les baies vides, vieilles, verrées et autres feuilles qui ont pu être ramassées par mégarde. Les baies qui sont correctes sont passées dans une machine qui les épluche et les grains obtenus sont alors mis dans un bassin d'eau fraîche pendant toute une nuit entre 12 et 18h maxi. Les peaux rouges sont récupérées et servent de compost.


Au matin, les grains, qui ont donc entamé un début de fermentation, sont lavés plusieurs fois jusqu'à ce qu'aucun élément annexe (caillou, feuilles, reste de pulpe) soit présent. C'est alors le moment d'étaler les grains sur des séchoirs au soleil pendant quelques jours jusqu'à ce qu'ils ne contiennent que 11% d'humidité.

Chacun a bien expliqué là encore son travail, simplement mais très clairement. Ils ont aussi expliqué que le fait de faire du café équitable bio et d'être certifié par plusieurs organismes leur permettait d'avoir un prix d'achat garanti de leur café (au delà du prix du marché) et de percevoir chaque année une prime qui était partagée entre chaque village. Au sein de chaque village les producteurs décident de son usage comme investir dans la machine à "éplucher" les cherries, acheter des bâches pour les séchoirs ou participer au fonctionnement de l'école du village.


C'est pas le tout mais l'heure du déjeuner était arrivée et nous avons été accueillies dans une famille. La maison est composée de 2 pièces et d'une grande terrasse. Une des pièces,  celle avec des tapis sert de pièce de vie et le soir on sort des petits matelas où toute la famille dort.

A côté c'est la cuisine avec son âtre de feu au sol. On mange assis par terre et on pioche dans tous les petits plats. C'était très bon et les femmes avaient fait attention à ne pas trop épicer (la cuisine "normale" peut vite devenir très très très brûlante pour l'oesophage et la bouche)


Le plateau des Bolovens est aussi (surtout ?) connu pour ses multiples cascades. Nous sommes allées après déjeuner voir l'une d'entre elles, très haute et au pied et au sommet de laquelle on peut se baigner. Le temps n'était pas très chaud, voir même très brumeux donc nous n'avons pas fait trempette.


Pendant ce temps les petits sacs verts de grains séchés sont arrivés à la Factory (une seule pour tous les villages de la coopérative). Sur chaque sac on note le nom de l'exploitation d'origine,  la date de début du processus, du poids avant et après séchage etc... nous avons été surprises de cette traçabilité totale de quasi chaque grain !

A l'arrivée des sacs, des échantillons sont prélevés,  analysés. Selon le cahier des charges du client final (par exemple Malongo est un gros client) les techniciens vont faire des mélanges de grains de plusieurs exploitations, passer le tout dans un tamis pour ne mettre en sac à l'exportation  que des grains de même calibre. Les grains partent non torréfiés.


Une partie de la production se dirige dans un autre bâtiment pour la vente sur le territoire du Laos. Deux fois par semaine il y a une séance de torréfaction. Sitôt grillés les grains sont mis en sachet.



Voilà vous en savez autant que nous :-)
Alors,  si vous achetez le café Laos de Malango vous saurez qu'il vient obligatoirement des producteurs que nous avons rencontrés.

Nous espérons vraiment que l'initiative de cette coopérative de proposer des visites va pouvoir trouver un écho auprès des touristes car c'est une journée très enrichissante à tous les points de vue.

Merci à Isa et Yannick de nous avoir offert cette opportunité,  on leur souhaite tout plein d'autres beaux projets :-)

Nous avons quitté le sud du Laos pour rejoindre la capitale, Vientiane,  à 11h de bus.
Alors nous avons renoué avec les bus de nuit, cela faisait longtemps ! Ici on les appelle bus VIP. ..un bien grand mot ! Pas de siège "business" qui s'allongent comme en Amérique du sud. Ici cela ressemble plutôt à un genre de wagon lit avec des couchettes exigues et pas très longues (l'horreur pour les grands dadais). Va donc savoir pourquoi, nous n'avons même pas pensé à prendre une photo !

On arrive à la gare mais notre bus ne part finalement pas car le chauffeur est resté faire une course de pirogue dans les 4000 îles. .. pas grave, il y a toujours d'autres cars prêts à vous accueillir même si du coup ils nous inspirent moins ^^ mais pas le choix !

Finalement, le trajet s'est bien déroulé et au petit matin, arrivée à Vientiane où nous constatons d'emblée qu'il y a beaucoup de français. ..

3 jours d'arrêt,  on vous raconte au prochain numéro !

9 commentaires:

Valérie a dit…

Passionnant le process de fabrication du café. Je viens de vois que vous êtes très tres en décalage avec nous ; vos derniers posts sont datés de mai et de juillet 2014... les machines ne s'adaptent pas toujours aux décalages horaires on dirait 😊

Isa a dit…

Eh non jeune fille, 12/07/2014 c'est la date au format américain : 12 pour décembre, 7 pour le jour dans le mois et l'année elle est OK bien à la fin...je sais c'est bizarre. Je vais voir si on peut choisir un format autre :-)

Pascal a dit…

Superbe récit sur des gens passionnés, plein d'amour, au sens du partage et du respect des autres et de son environnement. C'est ce qui manque cruellement, en masse, dans notre pays.... Bonne continuation les filles !

Unknown a dit…

couleur café, que j'aime ta couleur café :) beau récit.

Anonyme a dit…

Salut les filles,
Très drôle de lire votre post car on vient de faire la même visite au Panama ! Grosse bise et à bientôt
Sylvie et Christophe

Anonyme a dit…

Moi aussi j'ai beaucoup apprécié ce "reportage " très intéressant sur le café. Et la question que je me pose quand je lis des processus tel que celui ci, ou tel que le traitement des olives c'est : comment ces étapes ont elles été découvertes une à une pour arriver a cette phase finale? Comment un truc qui paraît inconsommable au départ devient au café ou olives? Quand je lis des choses comme ça, j'ai confiance en l'imagination.
Chriss

Jeanne Derouin a dit…

Bonjour à vous, c'est super ce que vous faites, j'aurai aimé en faire autant.... Continuez à nous faire rêver, c'est un vrai bonheur de vous lire et de découvrir les photos. A bientôt pour de nouvelles aventures.
Jeanne Derouin

Isabelle Magueur a dit…

Merci beaucoup Isa et Fab de faire partager votre ressenti de cette journée! beau reportage!
J'espère qu'il donnera envie à vos lecteurs d'en connaître un peu plus sur la coopérative de café et de venir nous rendre visite! La visite peut commencer par le site internet de la CPC: www.cpc-laos.org
Bonne suite de voyage à toutes les deux!

Denise a dit…

Merci pour ce passionnant article. Il y a vraiment de belles initiatives et de belles rencontres.
Avons hâté d'avoir vos impressions sur Ventiane, petite capitale....
Bises et à bientôt.